BLOG du vigneron

dans les vignes du château de Sauvage pour le POINT primeur édition 2015
Vincent Dubourg château de Sauvage Graves

Sentinelle du climat

Je pensais décortiquer les différents ouvrages naturalistes du dernier billet un par un pour donner envie de lire et d'apprendre sur les plantes et l'agronomie mais la saison 2023 ne m'en a pas donné la possibilité.

Je vais énumérer depuis mon installation en 2004 les années difficiles qui ont conduit pour des raisons sanitaires ou climatiques (l'un étant souvent lié à l'autre) en les surlignant en rouge à de fortes baisses de production.

2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019, 2020 , 2021, 2022, 2023

 Je ne mets pas 2022 en rouge mais en rose car paradoxalement en dépit des incendies et de la sécheresse, le rendement fut faible mais supérieur aux 5 années précédentes. Ce ne fut pas ceci étant, une année dans l'ancienne norme.

En effet qu'est devenu la norme ? La norme est désormais une accumulation de déréglements de divers types, baisse des précipitations et douceur en hiver, gels printaniers, orages violents accompagnés de grèle dès le mois de mai ou juin, humidité excessive puis sécheresse estivale brutale, canicules récurrentes etc...

Les conséquences pour la vigne sont visibles et progressives. La tendance locale et régionale est une lente mais sûre baisse des rendements causés au choix par un affaiblissement des pieds, les maladies ou le petit poids des baies par manque d'eau.

 

Cette année la pire épidémie de mildiou de ma carrière a ravagé la récolte en à peine 15 jours.

 

Les pratiques vertueuses ne sont pas récompensées, l'agro-écologie, la culture biologique ne pouvaient pas lutter cette année avec les moyens légaux autorisés . Le lobby des pesticides a depuis de nombreuses années diabolisé le cuivre à Bruxelles pour relativiser la toxicité des produits chimiques de synthèse et ainsi les doses autorisées ont été progressivement diminuées pour passer à 4kg de cuivre métal en moyenne annuelle (avec un maximum de 6kg en année de forte pression). Le cuivre finit en effet par s'accumuler dans le sol et son utilisation en excés peut devenir toxique pour la vie des micro-organismes et des plantes. Néanmoins c'est plus l'historique de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle qui est en cause car à cette époque les doses pouvaient atteindre des dizaines de kilos à l'hectare. Le sol est capable de "digérer" des doses raisonnables tous les ans. Il suffit d'observer les herbes qui poussent dans les vignes bio pour s'en convaincre et je renvoie à l'article en ligne de Céline Berthier et Marc Chovelon , http://www.itab.asso.fr/downloads/viti/dossier-cuivre.pdf

L'agriculture biologique sommée de traiter plus blanc que blanc a conduit ses adeptes dans une "aporie". Si certaines années comme 2022 il était possible de n'utiliser que 1 à 2 kg de cuivre, il en aurait fallu 8 en 2023 pour espérer obtenir un résultat. Coincé par la réglementation et l'envie de bien faire, beaucoup ont cette année comme les précédentes fractionné au début de saison les traitements avec de petites doses. Cette méthode fonctionne les années difficiles même si cela est coûteux en énergie et en argent.  Mais une année de pression exceptionnelle, il aurait fallu traiter tous les 3 ou 4 jours avec des doses plus fortes que d'habitude ! Seules les propriétés en bonne santé financière et pourvues de forts moyens humains ont pu faire face.

Si vous regardez ma série de millésimes depuis 2004, vous pouvez constater qu'l y a une concentration des années à problème dans la période récente et il semble qu'une tendance se dessine qui fait de l'anormalité la normalité. En conséquence, la santé des entreprises viticoles a été lourdement affectée par ces millésimes à petit rendement et 2023 est venu révéler l'état de faiblesse des propriétés. Il aurait fallu aborder ce défi sanitaire avec des ressources financières et des outils techniques efficaces tels que la possibilité d'ajuster la dose de cuivre à l'ampleur de la menace. Le recours aux tisanes de prêle ou d'autres plantes ,outil complémentaire en année classique est totalement insuffisant pour combler le trou laissé par le sous-dosage en cuivre.

Il y a déjà des déconversions bio annoncées et je ne peux que comprendre ceux qui doivent revenir sur leurs engagements pour sauver les emplois et les structures.

Il va falloir se questonner sérieusement sur la pertinence des réglementations trop exigeantes qui conduisent in fine à décourager les plus motivés. Les limitations des plafonds de cuivre ne doivent pas être mises en regard de l'interdiction des produits CMR (cancérogène mutagène reproductifs) dans le sytème HVE (haute valeur environnementale, label conventionnel  soutenu par l'Etat).Chaque label doit progresser mais dans son couloir avec ses propres exigences éthiques et techniques. C'est le consommateur qui finira par donner la direction à suivre.  Cette compétition entre les labels a conduit à une victoire à la Pyrrhus du lobby des phytos car tout le monde est perdant en Gironde en 2023. L'agriculture conventionnelle parvient difficillement à lutter avec ses propres containtes et l'agriculture biologique arrive dans des impasses certaines années.

Le concept de label interdit à cause du contenu de son cahier des charges de pouvoir prendre les années exceptionnelles des mesures exceptionnelles.

Combien d'année blanches faudra-t-il subir pour donner un peu de souplesse et rendre un peu d'esprit d'initiative aux opérateurs ?

Veut-on ne garder que les propriétés dirigées par des mutuelles d'assurance ou des grandes fortunes ?

Va-t-on ouvrir les yeux sur le déréglement climatique avant d'avoir rayé de la carte la viticulture et l'agriculture française ?

Peut-on raisonnablement envisager un scénario à +4° quand la vie devient déjà compliquée maintenant ?

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Sentinelle du climat

Je pensais décortiquer les différents ouvrages naturalistes du dernier billet un par un pour donner envie de lire et d'apprendre sur les plantes et l'agronomie mais la saison 2023 ne m'en a pas donné la possibilité.

Je vais énumérer depuis mon installation en 2004 les années difficiles qui ont conduit pour des raisons sanitaires ou climatiques (l'un étant souvent lié à l'autre) en les surlignant en rouge à de fortes baisses de production.

2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019, 2020 , 2021, 2022, 2023

 Je ne mets pas 2022 en rouge mais en rose car paradoxalement en dépit des incendies et de la sécheresse, le rendement fut faible mais supérieur aux 5 années précédentes. Ce ne fut pas ceci étant, une année dans l'ancienne norme.

En effet qu'est devenu la norme ? La norme est désormais une accumulation de déréglements de divers types, baisse des précipitations et douceur en hiver, gels printaniers, orages violents accompagnés de grèle dès le mois de mai ou juin, humidité excessive puis sécheresse estivale brutale, canicules récurrentes etc...

Les conséquences pour la vigne sont visibles et progressives. La tendance locale et régionale est une lente mais sûre baisse des rendements causés au choix par un affaiblissement des pieds, les maladies ou le petit poids des baies par manque d'eau.

 

Cette année la pire épidémie de mildiou de ma carrière a ravagé la récolte en à peine 15 jours.

 

Les pratiques vertueuses ne sont pas récompensées, l'agro-écologie, la culture biologique ne pouvaient pas lutter cette année avec les moyens légaux autorisés . Le lobby des pesticides a depuis de nombreuses années diabolisé le cuivre à Bruxelles pour relativiser la toxicité des produits chimiques de synthèse et ainsi les doses autorisées ont été progressivement diminuées pour passer à 4kg de cuivre métal en moyenne annuelle (avec un maximum de 6kg en année de forte pression). Le cuivre finit en effet par s'accumuler dans le sol et son utilisation en excés peut devenir toxique pour la vie des micro-organismes et des plantes. Néanmoins c'est plus l'historique de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle qui est en cause car à cette époque les doses pouvaient atteindre des dizaines de kilos à l'hectare. Le sol est capable de "digérer" des doses raisonnables tous les ans. Il suffit d'observer les herbes qui poussent dans les vignes bio pour s'en convaincre et je renvoie à l'article en ligne de Céline Berthier et Marc Chovelon , http://www.itab.asso.fr/downloads/viti/dossier-cuivre.pdf

L'agriculture biologique sommée de traiter plus blanc que blanc a conduit ses adeptes dans une "aporie". Si certaines années comme 2022 il était possible de n'utiliser que 1 à 2 kg de cuivre, il en aurait fallu 8 en 2023 pour espérer obtenir un résultat. Coincé par la réglementation et l'envie de bien faire, beaucoup ont cette année comme les précédentes fractionné au début de saison les traitements avec de petites doses. Cette méthode fonctionne les années difficiles même si cela est coûteux en énergie et en argent.  Mais une année de pression exceptionnelle, il aurait fallu traiter tous les 3 ou 4 jours avec des doses plus fortes que d'habitude ! Seules les propriétés en bonne santé financière et pourvues de forts moyens humains ont pu faire face.

Si vous regardez ma série de millésimes depuis 2004, vous pouvez constater qu'l y a une concentration des années à problème dans la période récente et il semble qu'une tendance se dessine qui fait de l'anormalité la normalité. En conséquence, la santé des entreprises viticoles a été lourdement affectée par ces millésimes à petit rendement et 2023 est venu révéler l'état de faiblesse des propriétés. Il aurait fallu aborder ce défi sanitaire avec des ressources financières et des outils techniques efficaces tels que la possibilité d'ajuster la dose de cuivre à l'ampleur de la menace. Le recours aux tisanes de prêle ou d'autres plantes ,outil complémentaire en année classique est totalement insuffisant pour combler le trou laissé par le sous-dosage en cuivre.

Il y a déjà des déconversions bio annoncées et je ne peux que comprendre ceux qui doivent revenir sur leurs engagements pour sauver les emplois et les structures.

Il va falloir se questonner sérieusement sur la pertinence des réglementations trop exigeantes qui conduisent in fine à décourager les plus motivés. Les limitations des plafonds de cuivre ne doivent pas être mises en regard de l'interdiction des produits CMR (cancérogène mutagène reproductifs) dans le sytème HVE (haute valeur environnementale, label conventionnel  soutenu par l'Etat).Chaque label doit progresser mais dans son couloir avec ses propres exigences éthiques et techniques. C'est le consommateur qui finira par donner la direction à suivre.  Cette compétition entre les labels a conduit à une victoire à la Pyrrhus du lobby des phytos car tout le monde est perdant en Gironde en 2023. L'agriculture conventionnelle parvient difficillement à lutter avec ses propres containtes et l'agriculture biologique arrive dans des impasses certaines années.

Le concept de label interdit à cause du contenu de son cahier des charges de pouvoir prendre les années exceptionnelles des mesures exceptionnelles.

Combien d'année blanches faudra-t-il subir pour donner un peu de souplesse et rendre un peu d'esprit d'initiative aux opérateurs ?

Veut-on ne garder que les propriétés dirigées par des mutuelles d'assurance ou des grandes fortunes ?

Va-t-on ouvrir les yeux sur le déréglement climatique avant d'avoir rayé de la carte la viticulture et l'agriculture française ?

Peut-on raisonnablement envisager un scénario à +4° quand la vie devient déjà compliquée maintenant ?

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Sentinelle du climat

Je pensais décortiquer les différents ouvrages naturalistes du dernier billet un par un pour donner envie de lire et d'apprendre sur les plantes et l'agronomie mais la saison 2023 ne m'en a pas donné la possibilité.

Je vais énumérer depuis mon installation en 2004 les années difficiles qui ont conduit pour des raisons sanitaires ou climatiques (l'un étant souvent lié à l'autre) en les surlignant en rouge à de fortes baisses de production.

2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019, 2020 , 2021, 2022, 2023

 Je ne mets pas 2022 en rouge mais en rose car paradoxalement en dépit des incendies et de la sécheresse, le rendement fut faible mais supérieur aux 5 années précédentes. Ce ne fut pas ceci étant, une année dans l'ancienne norme.

En effet qu'est devenu la norme ? La norme est désormais une accumulation de déréglements de divers types, baisse des précipitations et douceur en hiver, gels printaniers, orages violents accompagnés de grèle dès le mois de mai ou juin, humidité excessive puis sécheresse estivale brutale, canicules récurrentes etc...

Les conséquences pour la vigne sont visibles et progressives. La tendance locale et régionale est une lente mais sûre baisse des rendements causés au choix par un affaiblissement des pieds, les maladies ou le petit poids des baies par manque d'eau.

 

Cette année la pire épidémie de mildiou de ma carrière a ravagé la récolte en à peine 15 jours.

 

Les pratiques vertueuses ne sont pas récompensées, l'agro-écologie, la culture biologique ne pouvaient pas lutter cette année avec les moyens légaux autorisés . Le lobby des pesticides a depuis de nombreuses années diabolisé le cuivre à Bruxelles pour relativiser la toxicité des produits chimiques de synthèse et ainsi les doses autorisées ont été progressivement diminuées pour passer à 4kg de cuivre métal en moyenne annuelle (avec un maximum de 6kg en année de forte pression). Le cuivre finit en effet par s'accumuler dans le sol et son utilisation en excés peut devenir toxique pour la vie des micro-organismes et des plantes. Néanmoins c'est plus l'historique de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle qui est en cause car à cette époque les doses pouvaient atteindre des dizaines de kilos à l'hectare. Le sol est capable de "digérer" des doses raisonnables tous les ans. Il suffit d'observer les herbes qui poussent dans les vignes bio pour s'en convaincre et je renvoie à l'article en ligne de Céline Berthier et Marc Chovelon , http://www.itab.asso.fr/downloads/viti/dossier-cuivre.pdf

L'agriculture biologique sommée de traiter plus blanc que blanc a conduit ses adeptes dans une "aporie". Si certaines années comme 2022 il était possible de n'utiliser que 1 à 2 kg de cuivre, il en aurait fallu 8 en 2023 pour espérer obtenir un résultat. Coincé par la réglementation et l'envie de bien faire, beaucoup ont cette année comme les précédentes fractionné au début de saison les traitements avec de petites doses. Cette méthode fonctionne les années difficiles même si cela est coûteux en énergie et en argent.  Mais une année de pression exceptionnelle, il aurait fallu traiter tous les 3 ou 4 jours avec des doses plus fortes que d'habitude ! Seules les propriétés en bonne santé financière et pourvues de forts moyens humains ont pu faire face.

Si vous regardez ma série de millésimes depuis 2004, vous pouvez constater qu'l y a une concentration des années à problème dans la période récente et il semble qu'une tendance se dessine qui fait de l'anormalité la normalité. En conséquence, la santé des entreprises viticoles a été lourdement affectée par ces millésimes à petit rendement et 2023 est venu révéler l'état de faiblesse des propriétés. Il aurait fallu aborder ce défi sanitaire avec des ressources financières et des outils techniques efficaces tels que la possibilité d'ajuster la dose de cuivre à l'ampleur de la menace. Le recours aux tisanes de prêle ou d'autres plantes ,outil complémentaire en année classique est totalement insuffisant pour combler le trou laissé par le sous-dosage en cuivre.

Il y a déjà des déconversions bio annoncées et je ne peux que comprendre ceux qui doivent revenir sur leurs engagements pour sauver les emplois et les structures.

Il va falloir se questonner sérieusement sur la pertinence des réglementations trop exigeantes qui conduisent in fine à décourager les plus motivés. Les limitations des plafonds de cuivre ne doivent pas être mises en regard de l'interdiction des produits CMR (cancérogène mutagène reproductifs) dans le sytème HVE (haute valeur environnementale, label conventionnel  soutenu par l'Etat).Chaque label doit progresser mais dans son couloir avec ses propres exigences éthiques et techniques. C'est le consommateur qui finira par donner la direction à suivre.  Cette compétition entre les labels a conduit à une victoire à la Pyrrhus du lobby des phytos car tout le monde est perdant en Gironde en 2023. L'agriculture conventionnelle parvient difficillement à lutter avec ses propres containtes et l'agriculture biologique arrive dans des impasses certaines années.

Le concept de label interdit à cause du contenu de son cahier des charges de pouvoir prendre les années exceptionnelles des mesures exceptionnelles.

Combien d'année blanches faudra-t-il subir pour donner un peu de souplesse et rendre un peu d'esprit d'initiative aux opérateurs ?

Veut-on ne garder que les propriétés dirigées par des mutuelles d'assurance ou des grandes fortunes ?

Va-t-on ouvrir les yeux sur le déréglement climatique avant d'avoir rayé de la carte la viticulture et l'agriculture française ?

Peut-on raisonnablement envisager un scénario à +4° quand la vie devient déjà compliquée maintenant ?

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Je pensais décortiquer les différents ouvrages naturalistes du dernier billet un par un pour donner envie de lire et d'apprendre sur les plantes et l'agronomie mais la saison 2023 ne m'en a pas donné la possibilité.

Je vais énumérer depuis mon installation en 2004 les années difficiles qui ont conduit pour des raisons sanitaires ou climatiques (l'un étant souvent lié à l'autre) en les surlignant en rouge à de fortes baisses de production.

2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019, 2020 , 2021, 2022, 2023

 Je ne mets pas 2022 en rouge mais en rose car paradoxalement en dépit des incendies et de la sécheresse, le rendement fut faible mais supérieur aux 5 années précédentes. Ce ne fut pas ceci étant, une année dans l'ancienne norme.

En effet qu'est devenu la norme ? La norme est désormais une accumulation de déréglements de divers types, baisse des précipitations et douceur en hiver, gels printaniers, orages violents accompagnés de grèle dès le mois de mai ou juin, humidité excessive puis sécheresse estivale brutale, canicules récurrentes etc...

Les conséquences pour la vigne sont visibles et progressives. La tendance locale et régionale est une lente mais sûre baisse des rendements causés au choix par un affaiblissement des pieds, les maladies ou le petit poids des baies par manque d'eau.

 

Cette année la pire épidémie de mildiou de ma carrière a ravagé la récolte en à peine 15 jours.

 

Les pratiques vertueuses ne sont pas récompensées, l'agro-écologie, la culture biologique ne pouvaient pas lutter cette année avec les moyens légaux autorisés . Le lobby des pesticides a depuis de nombreuses années diabolisé le cuivre à Bruxelles pour relativiser la toxicité des produits chimiques de synthèse et ainsi les doses autorisées ont été progressivement diminuées pour passer à 4kg de cuivre métal en moyenne annuelle (avec un maximum de 6kg en année de forte pression). Le cuivre finit en effet par s'accumuler dans le sol et son utilisation en excés peut devenir toxique pour la vie des micro-organismes et des plantes. Néanmoins c'est plus l'historique de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle qui est en cause car à cette époque les doses pouvaient atteindre des dizaines de kilos à l'hectare. Le sol est capable de "digérer" des doses raisonnables tous les ans. Il suffit d'observer les herbes qui poussent dans les vignes bio pour s'en convaincre et je renvoie à l'article en ligne de Céline Berthier et Marc Chovelon , http://www.itab.asso.fr/downloads/viti/dossier-cuivre.pdf

L'agriculture biologique sommée de traiter plus blanc que blanc a conduit ses adeptes dans une "aporie". Si certaines années comme 2022 il était possible de n'utiliser que 1 à 2 kg de cuivre, il en aurait fallu 8 en 2023 pour espérer obtenir un résultat. Coincé par la réglementation et l'envie de bien faire, beaucoup ont cette année comme les précédentes fractionné au début de saison les traitements avec de petites doses. Cette méthode fonctionne les années difficiles même si cela est coûteux en énergie et en argent.  Mais une année de pression exceptionnelle, il aurait fallu traiter tous les 3 ou 4 jours avec des doses plus fortes que d'habitude ! Seules les propriétés en bonne santé financière et pourvues de forts moyens humains ont pu faire face.

Si vous regardez ma série de millésimes depuis 2004, vous pouvez constater qu'l y a une concentration des années à problème dans la période récente et il semble qu'une tendance se dessine qui fait de l'anormalité la normalité. En conséquence, la santé des entreprises viticoles a été lourdement affectée par ces millésimes à petit rendement et 2023 est venu révéler l'état de faiblesse des propriétés. Il aurait fallu aborder ce défi sanitaire avec des ressources financières et des outils techniques efficaces tels que la possibilité d'ajuster la dose de cuivre à l'ampleur de la menace. Le recours aux tisanes de prêle ou d'autres plantes ,outil complémentaire en année classique est totalement insuffisant pour combler le trou laissé par le sous-dosage en cuivre.

Il y a déjà des déconversions bio annoncées et je ne peux que comprendre ceux qui doivent revenir sur leurs engagements pour sauver les emplois et les structures.

Il va falloir se questonner sérieusement sur la pertinence des réglementations trop exigeantes qui conduisent in fine à décourager les plus motivés. Les limitations des plafonds de cuivre ne doivent pas être mises en regard de l'interdiction des produits CMR (cancérogène mutagène reproductifs) dans le sytème HVE (haute valeur environnementale, label conventionnel  soutenu par l'Etat).Chaque label doit progresser mais dans son couloir avec ses propres exigences éthiques et techniques. C'est le consommateur qui finira par donner la direction à suivre.  Cette compétition entre les labels a conduit à une victoire à la Pyrrhus du lobby des phytos car tout le monde est perdant en Gironde en 2023. L'agriculture conventionnelle parvient difficillement à lutter avec ses propres containtes et l'agriculture biologique arrive dans des impasses certaines années.

Le concept de label interdit à cause du contenu de son cahier des charges de pouvoir prendre les années exceptionnelles des mesures exceptionnelles.

Combien d'année blanches faudra-t-il subir pour donner un peu de souplesse et rendre un peu d'esprit d'initiative aux opérateurs ?

Veut-on ne garder que les propriétés dirigées par des mutuelles d'assurance ou des grandes fortunes ?

Va-t-on ouvrir les yeux sur le déréglement climatique avant d'avoir rayé de la carte la viticulture et l'agriculture française ?

Peut-on raisonnablement envisager un scénario à +4° quand la vie devient déjà compliquée maintenant ?

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