Le lièvre chimique et la tortue bio

une leçon de frugalité
La famille de brun l'ours par Samivel

Concentrés que nous sommes sur le temps présent et notre courte vie, nous oublions trop souvent les règles indépassables de la biologie. La rentabilité dans l'agriculture a été obtenue ces dernières décennies au prix d'une mécanisation permettant de diminuer les coûts de main d'oeuvre. Parallèlement l'industrie chimique en prélevant les minerais fossiles dans le sous-sol et en les triturant a pu remplacer provisoirement le service naturel et renouvelable de la fertilité.

Après quelques décennies d'abondance, période dérisoirement réduite en rapport avec l'histoire de l'humanité, la population a cru et dans nos pays développés le nombre d'agriculteurs a sombré. Il nous faut désormais nourrir une population énorme avec les nouvelles contraintes des caprices climatiques causés par la libération dans l'atmosphère du carbone précédemment piégé dans le sous-sol et les forêts.

Rien n'est perdu mais il est certain que ce n'est qu'en changeant de modèle que nous parviendrons à respirer et à nous nourrir.

La viticulture fait partie de cette équation. L'enjeu n'est pas tant d'abreuver la terre entière que de pouvoir continuer à se faire plaisir sans contribuer à l'effet de serre.

Les solutions sont connues mais lourdes de conséquences. Voici une ébauche de mesures envisageables et déjà localement mises en pratique.

  • Recycler la matière organique au plus près des cultures en limitant le recours aux entreprises lointaines (coopération éleveurs-agriculteurs, résidus de cultures, tontes, sous-produits , composts d'origine humaine, BRF produit sur place)
  • recourir autant que possible au travail manuel pour créer des emplois et rééquilibrer les populations urbaines-rurales et limiter la mécanisation aux opérations indispensables
  • préserver un couvert sur les sols pour autant que cela soit compatible avec la plante cultivée
  • supprimer les insecticides et les herbicides
  • reprendre le travail de sélection "massale" non plus uniquement pour des objectifs qualitatifs mais aussi améliorer la résistance naturelle aux maladies ou à la sécheresse.
  • favoriser la diversité des espèces dans un compartiment de terrain cultivé (bosquets, haies, tournières enherbées, galeries forestières)
  • favoriser la polyculture pour limiter les effets des catastrophes climatiques (gel, grêle, sécheresse, excès d'eau ont des effets différents selon les cultures )
  • ne pas chercher à réaliser des profits excessifs forcément conquis au dépend d'une fraction de la population ou des équilibres biologiques

Le libéralisme est un programme de liberté individuel, émancipateur du carcan que peut parfois représenter la collectivité et la culture d'un groupe. Néanmoins, le libéralisme doit être tempéré par l'exigence de survie et le maintien de la qualité de vie pour le plus grand nombre. A l'heure où toute la population "veut" vivre en ville,  travaille en ville, se distrait en ville et court à la plage pour ses vacances, il faut repenser la ville comme un espace à naturaliser. Il faut sans doute aussi repenser l'aménagement du territoire. Comment être locavore si tout le monde s'entasse dans un petit périmètre ? Quel sens cela a t-il de s'agglutiner dans des fourmilières ? Comment surpasser le plaisir de sillonner un pays vert et fertile ? Comment être insensible à la beauté du monde végétal ?

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Commentaires: 1
  • #1

    O Melissokomos (mercredi, 12 septembre 2018 14:21)

    Excellent programme :
    Vive la tortue !